Pour nos lecteurs non spécialistes du web, nous vous rappelons juste que par nom de domaine (NDD) nous entendons le nom d’un site internet suivi de son extension. Puisqu’un exemple vaut mieux qu’un long discours, notre nom de domaine est « gazettedunet.fr ».
Maintenant que les choses sont claires pour tous, sachez que depuis toujours, certains « professionnels » de l’internet ont pris l’habitude d’acheter des noms de domaine, dont ils n’ont pas de réelle utilité, dans une simple logique d’investissement. Le raisonnement est simple, un nom de domaine se paye environ 10 euros par an, il suffit alors de trouver des domaines à acheter que nous pensons avoir du potentiel un jour, rapidement ou dans quelques années, et il est probable que nous puissions alors les revendre à bon prix.
Je vois certains déjà écarquiller les yeux, avec des rêves de dollars à n’en plus finir. Cela semble si simple … mais la réalité l’est tellement moins.
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Pas si simple !
En effet, combien sommes-nous à posséder des dizaines, voir des centaines, de noms de domaine et à n’en avoir jamais vendu un, ou pour un prix réellement modique ? Tout webmestre éditeur de site possède une bonne quantité de NDD, tout simplement parce qu’il lui est venu une idée un jour et qu’il a voulu bloquer le nom de son futur site, qu’il n’a depuis toujours pas eu le temps de créer… et qu’il n’aura jamais le temps de créer dans la plupart des cas, les idées de sites fusant dans sa tête à chaque connexion de neurones. Il est probable qu’un jour ce webmestre libère une partie de ses noms de domaines, décidant que le projet n’en valait pas vraiment la peine et ne souhaitant pas renouveler annuellement des dizaines de domaines sans intérêt.
De l’autre côté de la barrière, on trouve des gens qui n’y connaissent pour la plupart rien aux sites web, mais qui ont juste compris qu’ils pouvaient « squatter » des NDD à n’en plus finir, par milliers, pour essayer de faire de l’argent. C’est tout simplement pour certains un travail, et il faut dire que certains ont le nez creux, avec des ventes qui se montent parfois à plusieurs centaines de milliers d’euros, voir bien plus.
Ceux-là sont des investisseurs, et grâce à (ou à cause d’) eux, il est parfois extrêmement compliqué de trouver le NDD nécessaire à la mise en place d’un projet web, ces investisseurs étant tous persuadés qu’ils possèdent un NDD qui a une vraie valeur, alors que souvent ils se les gardent de longues années sans que personne ne souhaite leur acheter.
Cela vous donne des idées ? Sachez que ces requins ne vous ont rien laissé, il est aujourd’hui quasi-impossible de trouver un nom de domaine avec un mot « générique » en .com, ces domaines qu’on appelle « Premium ».
Est-ce bien éthique ?
C’est toute la question, avec des affaires dont on parle actuellement comme la vente du domaine ebola.com pour une somme estimée à 200 000 dollars, qui peut sembler être assez peu éthique pour certains, alors que d’autres diront que c’est bien joué, que « business is business » et que les labos pharmaceutiques font bien aussi de l’argent avec le malheur des autres en quelques sortes.
Autre exemple très récent, celui-qui essaye de deviner, et de squatter, le futur nom qui pourrait être utilisé pour la région Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon dans l’espoir de rentabiliser ses acquisitions, avec probablement aussi déjà un objectif financier en tête.
Il est vrai que pour quelques euros seulement, voir même à peine un euro la première année, vous pouvez réserver des noms de domaine et, que si vous avez le nez creux, vous pourrez espérer y gagner quelque chose.
Attention toutefois, faites bien vos calculs car 10 euros par an et par domaine, si vous avez 100 idées, cela fait 1 000 euros par an, et si vous ne vendez rien et que vous les gardez 3 ans, cela fait 3 000 euros « mis en l’air ». Une simple vente dans 3 ans d’un domaine à 3000 euros, ce qui est déjà un joli prix pour des « non professionnel » qui n’ont pas pu profiter des NDD déjà squattés depuis plus de 10 ans, ne fera que vous rembourser votre ardoise laissée chez votre registrar pendant tout ce temps.
Vous avez donc tout compris. La question maintenant est la suivante : Acheter ebola.com pour le revendre 200 000 dollars, squatter des années le domaine qui intéresserait quelqu’un pour un beau projet de qualité et ne vouloir le céder que contre plusieurs milliers d’euros, voilà des donnes affaires.
Mais … tout cela est-il bien éthique ? Y-a-t-il une frontière à ne pas dépasser, où se situe-t-elle ? Est-ce un « travail » qui vous rendrait fier de vous ?
Vos commentaires ci-dessous sont les bienvenus !
Super article, ça donne des idées, ça fait réfléchir, mais c’est vrai que c’est pas le job le plus humain qu’il soit …